180 logements s’apprêtent à être construits au Mesnil-en-Thelle, près de Chambly. Un projet qui ne fait pas l’unanimité parmi la population.
À l’heure actuelle, au lieu-dit « La Croix Jean Guermont », il n’y a qu’un champ. Mais cela pourrait rapidement évoluer. Un permis d’aménager, pour la construction de 180 logements, sur 96 000 m², a en effet été accordé le 18 novembre dernier.
Pour certains habitants, cela n’est pas raisonnable. « 180 logements, ce n’est pas terrible, il y a assez de constructions comme cela » lâche ainsi Martine Lallemant, une habitante du village. Une autre femme, souhaitant garder l’anonymat, a un avis beaucoup plus tranché sur la question. « On a assez de cas ici. Ça dépend d’où ils viennent. Ce n’est pas pour rien que nous avons demandé des caméras de surveillance », renchérit-elle. Mais certains, comme le maire Alain Duclerq, voient en ce projet l’avenir de leur commune.
Développer le village
« Je n’ai pas envie de voir mourir ma commune. Ce projet, c’est un travail de trois ans avec les services de l’État, qui va s’étaler sur 10 ans. La démographie n’augmente pas. Une classe a même été fermée. Cela fait mal au cœur. Les parents ont été mobilisés pour qu’une seconde ne le soit pas. Il y a également une forte demande de nos jeunes à rester au village », explique-t-il. Parmi les autres arguments soulevés par le premier magistrat de la commune figurent les aménagements qui seront réalisés pour l’écoulement des eaux ainsi qu’un chemin de promenade. « Il y aura une nouvelle faune et une nouvelle flore », poursuit-t-il.
Le ROSO (regroupement des organismes de sauvegarde de l’Oise) ainsi que le Petit rapporteur mesnilois, association de cadre de vie locale, ne sont guère convaincus et sont montés au créneau. Eux n’ont rien contre de nouvelles constructions. Mais ils pointent du doigt ce projet qui leur semblent démesuré. « Aujourd’hui, le village compte 2 400 habitants. Avec un tel projet, il y aurait au moins 500 habitants de plus et autant de véhicules. La voirie et les transports ne sont pas adaptés » souligne Didier Malé, président du Roso. « Les vols de nuit de l’aérodrome de Persan-Beaumont passeront juste au-dessus de ce lotissement » ajoute même Henri Flamand, du Petit rapporteur mesnilois.
Le questionnement d’un riverain, Rémy Fourche, va encore plus loin. « On nous dit que la déviation (NDLR :une route sera créée pour éviter le centre ville) sera financée par l’aménageur. Mais dans 20 ans, tout sera à la charge de la commune, c’est-à-dire l’argent des contribuables. Je crains que le maire ne se fasse avoir. »
Le permis d’aménagement est contesté. Le Roso a en effet demandé son annulation devant le tribunal administratif. Le promoteur Nexity ainsi que la direction départementale des territoires de l’Oise n’ont pas voulu répondre à nos sollicitations. Cette dernière, dans un courrier adressé au Roso le 2 août dernier, a reconnu émettre « une réserve quant à l’ampleur de la zone à aménager, le nombre de logements correspondants et le lien créé avec le village existant ».
Le Courrier Picard – Aurélien Tournier – le 6 février 2014