Les associations environnementales dénoncent l’absence d’actions de certaines communes pour améliorer la qualité de l’eau. Consciente du problème, la préfecture va se mobiliser à la rentrée.
C’est l’aliment le plus contrôlé de France : l’eau, captée dans les nappes phréatiques puis acheminée vers les logements des 821 552 habitants de l’Oise. Une attention qui n’empêche pas des pollutions fréquentes, dues à la présence de nitrates et autres bactéries. Dans le département, 26 communes sont concernées et pointées du doigt parl (Regroupement des organismes de sauvegarde de l’Oise), qui fustige l’inaction des municipalités. Dès septembre, la préfecture va engager une campagne de sensibilisation et de contrôle sur la qualité de l’eau.
« Certaines collectivités ont des taux de nitrates et de pesticides largement supérieurs aux seuils imposés et elles ne font rien, fustige Didier Malé, président du Roso. Comment peut-on laisser une situation s’enliser quand on parle de santé publique ? » Pourtant, suite au Grenelle de l’environnement (2007) et à la Conférence environnementale (2014), la préfecture a pris il y a quatre ans des arrêtés indiquant les plans d’action à suivre pour les communes.
« C’est un sujet très complexe »
Mais si certaines ont entamé des démarches, une dizaine fait depuis la sourde oreille. Une situation relevée fin juin dans un document émis par la préfecture, qui suit l’avancement des dossiers. La ville de Saint-Crépin-aux-Bois, près de Compiègne, inquiète notamment. On peut lire : « Taux de nitrate supérieur à la limite de qualité, comité de pilotage à programmer. » Un constat amer que les élus tentent de défendre. « C’est un sujet très complexe et nous y travaillons actuellement », élude le maire (SE) de Saint-Crépin-aux-Bois, Annie Lajous.
« Nous dépensons chaque année 500 000 € »
Il le faut. Les bilans des derniers prélèvements, datant du mois de juillet, sont probants. A Wavignies, Hardivillers et Précy-sur-Oise, entre autres, « la consommation de l’eau demeure déconseillée aux femmes enceintes et aux nourrissons. La population doit être informée », lit-on sur le site du ministère de la Santé. De quoi inquiéter les habitants. « Je donne même de l’eau minérale à mes animaux, avoue une habitante de Wavignies. Hors de question de boire une goutte de l’eau du robinet. Mais tout le monde n’est pas bien informé. »
Des élus assurent pourtant investir des montants astronomiques pour améliorer la qualité des eaux. « Nous dépensons chaque année 500 000 €, avance Nicole Robert, maire d’Ully-Saint-Georges et présidente du syndicat intercommunal d’alimentation en eau potable de la commune (SIAEP). Malheureusement nos conduites d’eau sont très anciennes. »
Le Roso va attaquer en justice
Un argumentaire balayé par le président du Roso. « Le syndicat n’a même pas créé de comité de pilotage », blâme Didier Malé, qui a l’intention de « sanctionner » les communes et syndicats des eaux « peu disciplinés ». Premier sur la liste, donc, le SIAEP d’Ully-Saint-Georges : le Roso va ainsi saisir le tribunal administratif d’Amiens (Somme) pour « non-respect de l’arrêté préfectoral ».
Selon le responsable, « dès la rentrée de septembre, les syndicats d’eau n’ayant rien fait depuis 2014 vont être dans le viseur » de la préfecture. Cette dernière a suggéré le lancement de plusieurs mesures, comme une modification des politiques agricoles, ou la fusion entre certains syndicats des eaux. Elle a aussi proposé la mise en place de comités de pilotage pour assurer un suivi de la qualité de l’eau avec les habitants et les agriculteurs.
Le Parisien 24 août 2018