Des déchets amiantés retrouvés à Persan et dans l’Oise
Des tonnes de déchets amiantés provenant d’Ile-de-France ont été enfouies en toute illégalité dans le sol à Persan, mais aussi dans l’Oise et la Seine-Maritime. Voilà ce qu’ont découvert les enquêteurs de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp). Après trois ans d’enquête, trois hommes sont aujourd’hui dans le viseur de la justice.
Parmi eux, deux anciens dirigeants de la SARL Minore, ancienne société basée à Bouconvillers (Oise), spécialisée dans la dépollution et la gestion des déchets. Ils ont été mis en examen par un juge d’instruction parisien pour «mise en danger délibérée de la vie d’autrui, abandon de déchets dans des conditions de nature à produire des effets nocifs, à dégrader les sites et les paysages, à polluer l’air et les eaux et à porter atteinte à la santé de l’homme et à l’environnement ». Ils sont également mis en cause pour « élimination de déchets sans agrément », et « exploitation d’une installation classée sans autorisation ».
Clairement, ces trois personnes sont soupçonnées d’avoir planifié et organisé l’enfouissement et le stockage clandestins de déchets dangereux composés d’amiante et de plomb. Le tout sur quatre sites: à Persan (voir encadré), à Beaubec-la-Rosière (Seine-Maritime), et dans l’Oise, au Coudray-Saint-Germer et Bouconvillers.
Des tôles, plaques et colles dangereuses issues de chantiers Tôles en fibrociment , plaques d’amiante ou encore colles amiantées… ces déchets proviendraient de travaux de déconstruction, de curage et de démolition effectués en région parisienne. « Il y a eu le chantier de l’université de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, en 2007, où des centaines de chambres ont été désamiantées. Puis un curage d’immeuble à Argenteuil, ou encore le retrait de plaques d’amiante dans un ensemble de Saint-Cyr-l’Ecole, dans les Yvelines », énumère un proche du dossier.
D’autres déchets dangereux seraient même issus de travaux effectués au célèbre cabaret parisien le Lido, ou encore à la base aérienne militaire de Vélizy-Villacoublay (Yvelines). Et ce n’est pas tout. Des plaques de fibro cassées et du plomb issus des chantiers de la caserne Convention à Paris (XVe) et du lycée agricole de la Bretonnière à Chailly-en-Brie (Seine-et-Marne) auraient également été enterrés à Persan et Bouconvillers (Oise).
A Bouconvillers, petite commune du Vexin où la SARL Minore avait élu domicile, l’affaire ne surprend personne. Plusieurs riverains se souviennent en effet des « drôles de méthodes » de l’entreprise. Plusieurs témoins relatent ainsi la construction d’une cheminée en ferraille. « Des matériaux brûlaient dans cet incinérateur de fortune » provoquant des fumées noires et « des odeurs bizarres », assurent-ils.
Un procès devrait s’ouvrir dans les prochains mois devant le tribunal correctionnel de Paris. Le Roso (regroupement des organismes de sauvegarde de l’Oise) et France Nature Environnement se sont constitués partie civile.
Le Parisien – 5 novembre 2012 – David Livois
Le Vexin, poubelle de la région parisienne Marais, bocages, bois et coteaux calcaires. Avec ses panoramas d’exception et ses paysages diversifiés, le Vexin s’affiche comme un site naturel remarquable et un lieu privilégié des randonneurs. Pourtant, le Vexin comporte une face obscure. Sa partie oisienne apparaît à bien des égards comme la poubelle de la région parisienne, au grand dam des associations de défense de l’environnement. Certains de ses champs accueillent volontiers des boues réputées chargées en métaux |