Trois agriculteurs ont déposé ce jeudi 30 octobre un permis de construire pour un méthaniseur dans les hauteurs de Margny-lès-Compiègne. Le gaz produit pourrait alimenter 10 000 foyers.

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Méthanisation. Au départ, c’est un peu comme un gros mot. Et cela fait peur. Méthane, odeurs fétides, risque d’explosion… Dans le doute, on s’inquiète. Pourtant, les élus et GRDF se veulent très rassurants.

Concrètement, quel est le projet ? Initié par trois agriculteurs du Compiégnois, il consiste à traiter chimiquement des déchets verts, pour en faire de l’engrais (utilisé en épandage) et produire du gaz de chauffage. En d’autres mots, pour les porteurs du projet : économiser sur l’engrais, gagner de l’argent avec la vente de l’énergie, le tout avec une démarche écologique.

Ouverture partielle dès 2015,
bientôt une enquête publique

Où exactement ? Dans les hauteurs de Margny-lès-Compiègne. Un accès sera aménagé depuis le nouveau rond-point qui permet de rejoindre Jardiland, sur la RD202. La station sera de l’autre côté de la route, sur un terrain privé. Bernard Hellal, maire de Margny et vice-président de l’Agglomération de la région de Compiègne se montre très enthousiaste.

Au départ, l’élu affirme avoir eu les mêmes réticences que tout un chacun. La visite d’une installation similaire à Sourdun (Seine-et-Marne) par plusieurs élus de l’ARC a rassuré tout le monde. L’odeur ? « Elle est quasi inexistante », assure le maire de Margny. La station ne traitera pas, en effet, de déchets animaux. « Les habitants proches des champs des trois agriculteurs concernés devraient même être contents : en période d’épandage, l’odeur sera moindre. »

Les risques d’explosion ? De pollution du sol ? « On nous a apporté toutes les garanties nécessaires », assure l’édile. Il insiste d’ailleurs : « l’équipement se trouvera loin des premières habitations ». Le ballet des camions ? « De mémoire, on parle d’environ dix par jour, poursuit Bernard Hellal. Et l’emplacement du site fait qu’ils n’auront pas à traverser les communes proches. » Le terrain choisi se trouvant dans un renfoncement, il assure également que la pollution visuelle sera nulle pour les habitants.

Quid de la production de gaz ? Vendue à un fournisseur, elle sera distribuée aux habitants par GRDF. « Ce qui va être produit localement sera distribué localement », assure encore le maire de Margny. À plein régime, le méthaniseur devrait fournir de quoi alimenter, en chauffage et en eau chaude, l’équivalent de 10 800 foyers. Contactée, la direction territoriale de GRDF pour l’Oise assure en effet qu’elle a les moyens de tracer l’origine du gaz vert qu’elle distribue.

Un projet « cohérent
avec une croissance verte » pour l’opposition

Faut-il, pour autant, s’attendre à une baisse de la facture ? « Oui, affirme Bernard Hellal, qui espère une baisse d’environ 20 %. Il faudrait cibler en priorité les logements sociaux. » La direction départementale de GRDF est plus prudente. Elle n’avance pas de chiffre, préfère mettre en avant l’aspect écologique. A terme, un partenariat devrait voir le jour entre les gérants de la station et l’ARC pour recycler les déchets verts et, par exemple, ceux des cantines de l’Agglo.

Même l’opposition margnotine n’a pas grand-chose à redire à tout ça. Si ce n’est qu’elle regrette de ne pas avoir été associée au projet. « Sans données techniques précises, il est difficile de nous prononcer, indique son leader, Béranger Dumay. Mais la méthanisation, en soit, paraît cohérente avec une croissance verte. »

Le permis de construire du projet a été déposé en mairie jeudi 30 octobre au matin. Ce sera au préfet de se prononcer, après une enquête publique dont les dates restent à définir. Le méthaniseur pourrait entrer partiellement en fonction dès fin 2015.

Le Courrier Picard – JULIEN BARBARE – 31 octobre 2014

Didier Malé, président du Roso : «Des précautionsà prendre»

Didier Malé est président du Roso (Regroupement des organismes de sauvegardes de l’Oise), qui rassemble diverses associations de défense de l’environnement. « D’un point de vue environnemental, la méthanisation n’est pas une mauvaise chose puisqu’elle permet de revaloriser des matières organiques et des déchets ménagers. Mais il s’agit d’installations quasi industrielles, avec un risque potentiel d’explosion, qui doivent être gérées avec toutes les précautions d’usage. On a vu, ailleurs, des tentatives de sabotage : à mon avis, ce type de site nécessite une présence presque permanente. » Interrogé sur la multiplication de ce type de projet dans l’Oise, Didier Malé indique que « le plan départemental de prévention et de gestions des déchets y consacre tout un chapitre ».