Olivier Traen, éleveur bovin à Bresles, s'est battu pour préserver ses terres face au projet d'urbanisation.

L’espace à usage agricole continue d’être grignoté par l’urbanisme galopant. Difficile de concilier les besoins de logement avec le développement de l’activité agricole.

Dans l’Oise, la surface agricole utile (SAU) a diminué de 5 000 hectares en moins de 20 ans, ce qui correspond à la perte de la superficie de près de cinquante exploitations professionnelles. La commission départementale de la consommation des espaces agricoles (CDCEA) est chargée de veiller à la préservation des espaces agricoles. Près de 300 documents d’urbanisme sont en ce moment étudiés par ces services qui rendent des avis consultatifs sur les enquêtes publiques.

«Attention, on n’est pas contre le développement local, on cherche à trouver le juste équilibre entre urbanisation et terres agricoles », précise Thierry Latapie, directeur adjoint à la CDCEA. Entre les besoins de logement et l’objectif du Grenelle de l’environnement qui prévoit de réduire de 50% le rythme de consommation des terres agricoles d’ici 2020, il n’est pas aisé de trouver la juste mesure.

Tout est une question d’accompagnement et de concertation. À Bresles, la Chambre d’agriculture de l’Oise et la direction départementale du territoire sont venues épauler la dizaine d’agriculteurs pris dans un étau avec l’élaboration du plan local d’urbanisme (PLU). «Le cabinet d’études imagine des projets depuis ses bureaux, sans mettre le nez dehors », regrette Olivier Traen, éleveur bovin et délégué communal de la Fédération départementale des syndicats exploitants agricoles (FDSEA). Sa ferme, située au cœur d’une zone pavillonnaire, n’avait même pas été recensée comme exploitation agricole.

Le bureau d’études lorgnait sur les terres agricoles, juste derrière les exploitations. « Sur les huit hectares convoités, j’en ai gardé deux, proches de mes bâtiments, observe Olivier Traen. Mon fils pourra ainsi développer l’activité s’il le désire. Les élus ont compris nos inquiétudes ».

Une écoute réciproque à laquelle aspire Didier Malé, président du ROSO (Regroupement des organismes de sauvegarde de l’Oise). L’association de protection de l’environnement a saisi la commission départementale de conciliation des documents d’urbanisme au sujet de la révision du PLU du Mesnil-en-Thelle. Ce village, situé en limite de la région parisienne, subit une forte pression immobilière. Bien que ce document d’urbanisme ait reçu un avis favorable du commissaire-enquêteur, le ROSO estime que les terres agricoles seront sacrifiées au profit de l’urbanisation. Une position partagée par la chambre d’agriculture de l’Oise, qui a émis un avis défavorable au projet.

La Ville, qui recense 2 309 âmes, table sur une croissance démographique de 2 800 habitants d’ici 2025. «Ils veulent urbaniser dix hectares alors qu’il y a des risques d’inondation et que des dents restent désespérément creuses en centre ville », estime Didier Malé.

Ces alternatives ne sont pas toujours prises en compte par les élus. C’est toute la lourde tâche de la CDCEA que de les convaincre d’optimiser les espaces existants, même si cela doit leur en coûter.

FANNY DOLLÉ
Le Courrier Picard – 3 mars 2012