Le ROSO tire la sonnette d’alarme

Traces de pesticides, nitrates en surdose, manque d’information et qualité en baisse… Une association environnementale tire la sonnette d’alarme.

Le parisien eau 2015

« À coût constant, on a une dégradation de la qualité de l’eau potable… Comment cela se fait ? Je ne dis pas que les gens vont mourir demain, mais ils ont le droit d’être informés », estime Didier Malé, président du Roso. Cette association environnementale tire en effet la sonnette d’alarme : la qualité de l’eau potable dans le département ne s’améliore pas et se dégraderait même dans certains endroits.

Nitrates en hausse à Puiseux

A l’image de l’eau potable du point de captage de Puiseux-le- Hauberger, situé dans le sud du département et alimentant neuf communes du secteur. « La concentration en nitrates observée a été multipliée par trois en un an… » indique le responsable. Un constat que ne partage pas le président du syndicat des eaux du plateau du Thelle et maire d’Ercuis, Daniel Tessier, en charge de cette ressource : « A ma connaissance, ce n’est pas le cas. » Pourtant, les relevés du ministère de la Santé sont sans appel : le taux de nitrates est bien passé de 12,4 mg/l en janvier 2014 à 30 mg/l en janvier 2015 (et un pic à 44 en juillet).

« A ces taux, ce n’est pas dangereux pour les consommateurs. Mais cela pose question : ce point de captage est censé être classé Grenelle. C’est-à-dire qu’il doit faire l’objet d’un plan particulier de protection pour éviter toute pollution », souligne le Roso.

Peu d’action sur les points les plus pollués

C’est justement une autre interrogation soulevée par l’association : le devenir des points de captage dits Grenelle. « Qu’est-ce qui est mis en place pour améliorer la qualité de l’eau ? Tout le monde est concerné ! »

La loi sur l’eau prévoit pour ces points Grenelle — où l’eau n’est pas de bonne qualité (forts taux de nitrates ou de pesticides régulièrement observés) — de délimiter une zone de protection de l’aire d’alimentation de captage (AAC), et surtout d’établir un programme d’actions. L’idée est simple : « C’est dire quoi faire concrètement pour améliorer la qualité. » Depuis 2009, neuf points ont ainsi été repérés dans l’Oise. « Ça fait donc six ans… Et pourtant, pour quatre d’entre eux (Ons-en-Bray, Mesnil-Conteville, Saint-Just-en-Chaussée, Vendeuil-Caply), rien n’a été fait ! » s’agace le président.

Manque d’alerte

Une inaction qui exaspère l’association, qui dénonce également le manque d’informations de la population. « La loi est pourtant claire : à chaque anomalie détectée, les habitants doivent être informés. Dans les faits, c’est beaucoup plus compliqué. Par exemple, en juillet dernier, il était déconseillé aux habitants du secteur de Baugy de préparer les biberons pour les nourrissons de moins de 6 mois avec l’eau du robinet. Est-ce que les gens ont été informés ? A priori non… » dénonce Didier Malé.

De son côté, la préfecture assure que l’eau potable est sous haute surveillance : « Des dépassements des limites de qualité fixées par la réglementation peuvent en effet parfois être constatés. Le cas échéant, l’agence régionale de santé (ARS) en informe la personne responsable de la production et de la distribution d’eau concernée afin que des actions correctives soient mises en œuvre. Lorsque ce type de situation se présente, l’ARS met en place un suivi renforcé, et une restriction d’usage de l’eau peut même être prononcée. »